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Contraints par les objectifs de réduction des émissions des gaz à effet de serre, les industriels français doivent engager de lourds investissements pour décarboner. Un bouleversement qui va néanmoins doper l’activité des acteurs apporteurs de solutions.

Il faut s’attendre à une progression rapide du marché de la décarbonation de l’industrie française, qui pèse déjà plusieurs milliards d’euros chaque année. C’est ce que montre une récente étude du Cabinet Xerfi, intitulée « Décarboner l’industrie : quelles priorités ? Opportunités et trajectoires 2030-2050 secteur par secteur : quel potentiel de croissance pour les fournisseurs de solutions ? »

La croissance du marché est évidemment dopée par les ambitions du gouvernement français : réduire de 41% les émissions de gaz à effet de serre (GES) des industriels entre 2022 et 2035. La transformation a déjà été entamée : les émissions de GES ont baissé de 16 % entre 2015 et 2022 pour s’établir à 76,5 Mt, soit 19 % de celles du pays.

Redynamisation du secteur industriel

La transition écologique va de pair avec une revitalisation du tissu industriel. Elle nécessitera des moyens conséquents, plus difficiles à mobiliser en raison du ralentissement économique et du niveau élevé des taux d’intérêt. Les acteurs les plus importants auront certainement plus de capacités à se transformer, tandis que les PME et ETI industrielles risquent davantage d’ajourner les projets les plus coûteux. « Il y a donc fort à parier que les efforts de sobriété et les investissements porteront en priorité sur les solutions d’efficacité énergétique classiques (LED, isolation, management de l’énergie), estime Pierre Paturel, auteur de l’étude. Le lancement de projets d’envergure dépendra lui, plus que jamais, du soutien financier des pouvoirs publics. »

« Le mouvement de décarbonation de l’industrie entraînera par ailleurs de profonds bouleversements », ajoute Pierre Paturel. Des secteurs comme l’emballage plastique, la sidérurgie ou encore la chimie organique (à base d’hydrocarbures) sont très exposés à la sortie des combustibles fossiles et/ou à la mise en place d’une économie circulaire. Ils devront de fait composer avec un recul de la demande intérieure en volume, tout en transformant leurs procédés de production.

Autant de solutions que d’acteurs

Pour décarboner l’industrie, plusieurs pistes sont possibles : améliorer l’efficacité énergétique, substituer les combustibles fossiles pour la production de chaleur, déployer des procédés de production innovants, mettre en place d’installations de captage du CO2 ou encore favoriser l’écoconception et le recyclage. Ces nombreuses solutions nécessiteront des milliards d’euros d’investissements, un marché qui attire des acteurs divers et variés : les spécialistes de la gestion des équipements énergétiques (Dalkia, Idex, Spie, Vinci énergies), ceux des énergies renouvelables ou des hydrocarbures, des start-ups ou encore les fabricants d’équipements industriels (ABB ou Fives).