Orion.jpg Image du futur laboratoire BSL-4 construit à proximité du synchrotron Sirius, à Campinas au Brésil (crédit image : CNPEM).
Le gouvernement brésilien investit 180 millions de dollars pour se doter d’un laboratoire de recherche capable d’héberger les agents pathogènes les plus dangereux. Première installation de ce type sur le continent sud-américain, elle sera aussi la première au monde connectée à un synchrotron.

Le président Inacio Lula da Silva avait fait le déplacement pour l’événement : le 4 juillet dernier, le Brésil a officiellement lancé la construction de son premier laboratoire de biosécurité de niveau 4, situé à Campinas, à 90 km au nord de São Paulo. Baptisée Orion, l’installation sortira de terre en 2026 pour une mise en service prévue d’ici à 2028. Ce projet est également une première pour l’Amérique du Sud. Aucun pays du continent ne dispose actuellement des structures nécessaires à la surveillance et à l’étude des agents pathogènes de groupe 4 alors que la croissance démographique de la région, le changement climatique et la destruction continue de la forêt amazonienne laissent craindre l’émergence de virus encore inconnus.

Connexion au synchrotron Sirius

Outre les installations de confinement, le complexe de 24 000 m² s’appuiera sur des moyens analytiques avancés tels que la microscopie électronique et la cryomicroscopie. Il sera aussi le premier laboratoire BSL-4 au monde équipé d’un synchrotron. Les chercheurs pourront utiliser trois lignes de lumière issues de Sirius, un synchrotron de 4e génération intégré au sein du Centre brésilien de recherche sur l'énergie et les matériaux (CNPEM), également maître d’ouvrage du futur laboratoire de biosécurité.

L’intégration de ces lignes a demandé la mise au point d’une paroi de séparation transparente respectant les exigences de confinement et de désinfection tout en disposant d’une qualité optique suffisante pour minimiser les interférences avec les faisceaux entrants. « Ces lignes de lumière permettront d’extraire des données structurelles quantitatives sur les systèmes infectés, depuis l’échelle subcellulaire jusqu’au niveau de l’organisme. Elles seront les principaux instruments de recherche permettant aux scientifiques de tester des hypothèses sur les mécanismes de l’infection, en utilisant des images tridimensionnelles pour observer la chaîne de phénomènes qui conduisent au développement de maladies générées par des agents pathogènes de classe 4 », explique Harry Westfahl Jr., directeur du Laboratoire national brésilien de lumière synchrotron (LNLS) et responsable de l’exploitation de Sirius.

Formation et renforcement réglementaire

Le gouvernement brésilien investit 180 millions de dollars pour la construction d’Orion. Un budget qui comprend un vaste plan de formation et de qualification des personnels habilités à travailler en zones de bioconfinement. Outre des cours théoriques, le programme prévoit des activités pratiques dans un laboratoire de formation conçue comme une réplique d’installations BSL-4. Le Brésil a également annoncé travailler au renforcement de la réglementation et des mécanicismes de surveillance encadrant les expériences réalisées dans ses laboratoires classés.